La Démoustication en Charente-Maritime
La mission de veille sanitaire
Les opérateurs publics mobilisés pour anticiper le risque vectoriel
Depuis les années 70, compte tenu de son écologie particulière, le "moustique tigre" (Aedes albopictus) est connu pour sa capacité à se déplacer "passivement" par le transport de ses oeufs, noteamment dans des pneus.
A l’initiative des opérateurs publics de démoustication, réunis au sein de l’Agence Nationale pour la Démoustication et la gestion des espaces naturels démoustiqués (ADEGE), les plateformes de pneumatiques sont surveillées depuis 1998.
C’est ainsi que le service de démoustication a contribué à la découverte et à l’interception (éradication) de plusieurs espèces exotiques de moustiques, notamment Aedes albopictus (1999) et Aedes japonicus (2000).
Une mission de démoustication sanitaire confiée par l'Etat
A la suite à l’épidémie de chikungunya survenue à La Réunion en 2006, Le Ministère de la Santé a mis en place un réseau de surveillance des moustiques exotiques importés, visant notamment à détecter la présence du "moustique tigre" (Aedes albopictus) («moustique tigre»), afin de limiter la transmission des arbovirus (dengue, chikungunya et zila) en métropole. Les objectifs de ce plan sont :
- la détection précoce de la présence du "moustique tigre" ;
- la mise en œuvre rapide et coordonnée de mesures de contrôle du vecteur et de protection des personnes.
Evolution du réseau de surveillance de 1999 à 2019
Conformément au décret du 29 mars 2019 et aux arrêtés du 23 juillet 2019, depuis le 1er janvier 2020 les Agences Régionales de Santé exercent la compétence de lutte sanitaire (lutte anti-vectorielle - LAV).
Dans ce contexte, depuis le 1er mai 2020, le Département de la Charente-Maritime est l’opérateur habilité et désigné par l’Agence Régionale de Santé de Nouvelle Aquitaine (ARS NA) pour surveiller et lutter contre le « moustique tigre » sur le territoire des départements de la Charente-Maritime et de la Charente.
A ce titre près cent pièges sont disposés dans plus de 40 communes de ces départements.
La lutte contre le "moustique tigre" s’appuie essentiellement sur des actions de communication afin d’informer, de sensibiliser et de mobiliser la population sur les « bons gestes » à mettre en œuvre pour limiter la prolifération des moustiques autour des habitations.
Carte de colonisation des départements métropolitains au 1er janvier 2024
Le "Moustique tigre" est implanté de manière définitive et irréversible en Charente-MAritime depuis 2018.
En 2023, l'espèce est implantée dans 78 communes du département :
- Saintes et Nieul-sur-Mer depuis 2018,
- Chaniers et Saint-Georges d’Oléron depuis 2019,
- Périgny depuis 2020,
- Saint-Georges-de-Didonne et Saint-Sauveur-d’Aunis en 2021
- 25 nouvelles communes en 2022 : La Rochelle, La Flotte-en-Ré, La Couarde-sur-Mer, Sainte-Marie-de-Ré, Rivedoux-Plage Châtelaillon-Plage, Fouras-les-Bains, Ciré-d’Aunis, Le Mung, Crazannes, Saint-Savinien-sur-Charente, La Tremblade, Meschers-sur-Gironde, Echillais, Rochefort-sur-Mer , Tonnay-Charente, Saint-Nazaire-sur-Charente, Saujon, Royan, Les Gonds, Fontcouverte, Jonzac, Montendre, Le château d’Oléron, Dolus-d’Oléron
- 46 nouvelles communes en 2023 : Marans, Ferrières, Surgères, Aytré, Angoulins, Lagord, L'Houmeau, Marsilly, Saint-Rogatien, Dompierre sur Mer, Puilboreau, Saint-Xandre, Port des Barques, Saint-Hippolyte, Marennes-Hiers-Brouage, Port-d'Envaux, Pont-l'Abbé-d'Arnoult, Saint-Porchaire, Saint-Jean-d’Angély, Asnières-la-Giraud, La-Brée-les-Bains, Saint-Denis-d'Oléron, Le-Grand-Village-plage, Saint-Trojan-les-Bains, Saint-Pierre-d'Oléron, Médis, Saint-Palais-sur-Mer, Vaux-sur-Mer, Saint-Sulpice-de-Royan, Semussac, Les Mathes, Saint-Augustin, Arvert, Breuillet, Courcoury, La Jard, Chérac, Saint-Georges-des-Côteaux, Saint-Laurent-de-la-Prée, Pons, Corignac, Bedenac, Bussac-Forêt, Saint-Genis-de-Saintonge, Mirambeau, Gémozac.
Par ailleurs, le "Moustique tigre" a été détecté ponctuellement dans 32 communes dans lesquelles une surveillance renforcée est mise en oeuvre.
Le dispositif de surveillance active
Le dispositif de surveillance entomologique repose sur un réseau sentinelle de pièges pondoirs installés sur des sites considérés à fort risque d’implantation. Ce piégeage consiste à fournir à l’espèce ciblée des sites de pontes attractifs. Aedes albopictus est un moustique qui colonise toute sorte de petites collections d’eau artificielles en milieu urbain et péri-urbain (coupelles de pot de fleurs, réservoirs d’eau, pneus usagés, etc.).
Un piège est déclaré positif lorsque des œufs d’Aedes albopictus sont observés et identifiés. Le nombre d’œufs est alors comptabilisé et la surveillance entomologique est immédiatement renforcée à proximité du piège positif (pose de pièges pondoirs supplémentaires, mise en place de pièges spécifiques pour la capture de moustiques adultes).
En Charente-Maritime, plus de 100 pièges ont été disposés par le service départemental de démoustication, en lien avec l'Agence Régionale de Santé de Nouvelle Aquitaine (ARS NA).
La mobilisation de la veille citoyenne pour activer une surveillance passive
Ce réseau est aujourd'hui renforcé par la "veille citoyenne" grâce à des outils qui permettent au grand public de contribuer à la détection du "moustique tigre".
En 2013, le service de démoustication a été pionnier dans le cadre de la veille citoyenne grâce à l'application mobile iMoustique©. La mobilisation du signalement des moustiques par les particuliers à permis de recueillir plus de 10 000 échantilons, dont certaines ont été à l'origine de la détection du "moustique tigre" dans de nouveaux territoire.
Les enquêtes autour des cas suspectés de maladies importées
Dans les départements où le "moustique tigre" (Aedes albopictus) est implanté et actif, des enquêtes entomologiques sont mises en oeuvre autour des cas suspects importés d'arboviroses (dengue, chikungunya ou zika) identifiés et signalés par l'ARS. Chaque lieu fréquenté par le patient pendant la période où il est porteur du virus (virémie) est alors scrupuleusement inspecté de manière à mettre en évidence la présence ou l'absence du moustique vecteur Aedes albopictus.
En cas de détection positive d'Aedes albopictus autour d'un lieu fréquenté par un patient suspecté d'être porteur du virus, le service de démoustication met en œuvre un traitement sous couvert de l'Agence Régionale de Santé. Cette opération a pour objectif de diminuer la densité du vecteur afin de limiter les risques de piqûres de moustiques potentiellement infectés. La surveillance entomologique est renforcée par un piégeage des moustiques adultes. Un communication élargie est effectuée dans la zone d'intervention afin de mobiliser la population sur les bons gestes pour se protéger des piqûres de moustiques et pour limiter leur prolifération.
La mise en oeuvre du Réglement Sanitaire International (RSI) en métropole
La loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires a transposé le Règlement Sanitaire International (RSI) en droit français, elle a été complétée par le décret n°2013-30 du 9 janvier 2013.
Engagé depuis une dizaine d'années auprès d'organismes publics et privés, le service de démoustication a renforcé son expérience dans le domaine de l'expertise entomologique des ports, des aéroports, des sociétés d'autoroutes et des plate-formes logistiques. Ces différents acteurs sont d'ores et déjà engagés dans des démarches "qualité" qui intègrent des dimensions sociales, économiques et environnementales mais la gestion du risque entomologique est une nouvelle donnée qu'il convient d'apréhender à la hauteur des enjeux sanitaires qu'elle représente. Le Département constitue un partenaire privilégié pour accompagner les acteurs du RSI dans la définition et la gestion du risque entomologique.